autour de Lure et de Luxeuil (Haute-Saône) »
par Jean-Pierre Chambon, ancien professeur à la Sorbonne,
membre de la Société française d’onomastique, de la SALSA et de la SHAARL.
La visioconférence de Jean-Pierre Chambon aux Archives nationales, qui avait été annulée en mars est reprogrammée le lundi 19 juin à 17h.
Vous avez, ci-dessous en bas de page, le lien pour la suivre.
« Je me propose de présenter certains résultats de mes travaux sur la toponymie du nord-est de la Franche-Comté, un secteur que j’explore depuis longtemps, non sans la collaboration de chercheurs locaux (Daniel Curtit, Alain Guillaume, Louis Jeandel, Jean Hennequin, Éric Lozovoy), membres comme moi de la Société d’archéologie et d’histoire de l’arrondissement de Lure et qui connaissent mieux que moi le terrain et la documentation.
1. L’étymologie des noms propres et celle du lexique ordinaire (ne) sont (que) des applications de la linguistique (Saussure). C’est pourquoi le toponymiste doit se contenter, en général, de confirmer des connaissances acquises par sa discipline de rattachement. Au mieux, il met alors en évidence des emplois remarquables de lexèmes ou d’anthroponymes déjà attestés ou postulés (par exemple : latin botellu, majestāte, rauca, burgonde *snaiϸa ou ancien franc-comtois Renart).
2. Il est plus rare qu’il soit en mesure de compléter ponctuellement les acquis en dégageant de nouvelles unités lexicales (protoroman régional */longánia/, ancien franc-comtois *faverge et *lo(ë)range, par exemple) ou anthroponymiques.
3. Mais — last but not least — le toponymiste trouve aussi à intervenir dans des problématiques plus larges. C’est ainsi
— que l’appartenance originelle de toute la Franche-Comté au francoprovençal n’est démontrable que grâce à la découverte de fossilisations toponymiques ;
— que l’impact du superstrat burgonde et le mode d’installation des Burgondes en Séquanie romaine ne peuvent être appréhendés qu’à travers la toponymie ;
— que les formes anciennes de certains noms de lieux révèlent des changements phoniques montrant que la fragmentation des parlers franc-comtois d’oïl était engagée dès la fin du Moyen Âge ;
— que l’histoire fine des toponymes ouvre quelques fenêtres sur les jeux d’influence entre variété ‘basse’ et variété ‘haute’ en situation de diglossie, à l’époque moderne.
En somme, au-delà des découvertes de détail, ce sont les principales phases de l’histoire des langues dans la région, aux plans interne et sociolinguistique, que l’analyse des noms de lieux permet au linguiste d’éclairer, tant bien que mal. »
Voici le lien pour suivre la visioconférence :