La conférence s’est tenue devant environ 35 personnes, ce qui, compte tenu des nombreuses animations culturelles de ce week-end, n’est pas mal. Le conférencier a su captiver l’attention du public sur les recherches nouvelles relatives à ces mines datant du Moyen Âge.
Au siège de la SALSA, entrée du musée Georges-Garret, porte à gauche.
La Grande Montagne à Château-Lambert.
Une exploitation minière millénaire aux confins de la Haute-Saône.
La mine de la Grande Montagne était en pleine activité au début du XVIIe siècle. On en tirait alors des minerais de cuivre que l’on fondait pour la chaudronnerie. L’exploitation consistait à vider le filon à partir de l’affleurement. Au fur et à mesure de l’enfoncement, il fallait évacuer l’eau qui envahissait les galeries. À l’origine, cette eau était remontée vers un travers-banc supérieur, la galerie Saint-Georges, au moyen de pompes en bois, mues par deux grandes roues hydrauliques installées dans la mine. Ces roues, d’un diamètre de neuf mètres, étaient elles-mêmes actionnées par l’eau de plusieurs étangs endigués situés sur les crêtes. En 1748, le minéralogiste de Gensanne acheva le long travers-banc de 450 mètres sous le tertre portant l’église de Château-Lambert. Cette galerie présente des traces d’abattage combinées à la poudre et à la pointerolle. Désormais, l’ensemble du gisement pouvait être mis hors d’eau sur près de 200 mètres de dénivelé. L’exploitation déclina pour s’arrêter vers 1758 avec l’épuisement des rendements. L’exploitation reprendra momentanément en 1934 avec l’extraction du molybdène. Ce minerai inconnu précédemment produit un métal recherché pour les aciers spéciaux. Il était traité sur place dans une usine de flottation dont les vestiges sont encore visibles le long de la route d’accès au site. Les travaux souterrains cesseront en juillet 1944.
La mine de la Grande Montagne localisée à la limite de la Franche-Comté et de la Lorraine, regorge de vestiges abandonnés par les générations de mineurs qui se sont succédé au cours du temps dans les galeries : poutres de soutènement, échelles, corps de pompes, machineries d’exhaure, mobilier destiné au transport ou à l’abattage, auges, douelles de seaux, ou encore manches d’outils ou sabots de mineurs. Le gisement de cuivre qui affleure sur les crêtes a généré une industrie minière et métallurgique attestée au début de la Renaissance. Des traces remontant à l’époque médiévale voire en deçà n’y sont pas à exclure comme en témoignent de récentes découvertes.
Les galeries sont le théâtre d’investigations menées par une équipe d’archéologues sous la direction de Denis Morin (université de Lorraine). Il s’agit pour les scientifiques de traquer les indices des toutes premières exploitations minières du massif mais aussi de mesurer l’impact des activités minières et métallurgiques sur la forêt et dans le temps.
Cette conférence a pour objectif de présenter au public un patrimoine méconnu et des paysages souterrains inédits : un voyage à travers le temps et une histoire des techniques révélée par l’archéologie.
La mine de la Grande Montagne est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques et classée au titre d’un arrêté préfectoral de protection de biotope.
Illustration : Mine de la Grande Montagne (Haut-du-Them – Château-Lambert). Progression dans le grand travers-banc Saint-Jean percé par le minéralogiste de Gensanne (XVIIe siècle).
Photographie D. Morin