Samedi 9 novembre 2019, conférence sur Port-sur-Saône entre l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge,

le « Portus Abuccinus » retrouvé ?

Les deux conférenciers.
Le public attentif.

Le samedi 9 novembre 2019, MM. Valentin Chevassu et Adrien Saggese, archéologues chercheurs affiliés au Cnrs, ont animé une conférence dans les locaux de la SALSA, ayant pour thème « Port-sur-Saône, entre l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge ». Devant un auditoire d’une quarantaine de personnes, les deux conférenciers ont présenté la quête de l’identification du lieu de « Portus Abuccinus », situé dans la Maxima Sequanorum, cette province des Séquanes dont la capitale fut Vesontio (Besançon). Après avoir cité Le Notitia Galliarum, évoqué la fuite de saint Valère, martyr tué par les Vandales, les conférenciers ont rappelé les travaux de Chifflet qui envisagea une localisation du Portus Abuccinus à Port-Lesney en bord de Loue (le « Portus Lucini » ayant pu être déformé en « Portus Bucini » ? Au fil du temps, d’autres historiens comme Adrien de Valois, en se basant surtout sur la toponymie, ont pensé aussi à Buchillon (Suisse) au bord du Léman. C’est l’historien franc-comtois François Ignace Dunod de Charnage qui, en 1735, proposa pour la première fois le nom de Port-sur-Saône. Un autre bourg de Haute-Saône, Ovanches, fut mis en avant par François Félix Chevalier, historien né à Poligny, puis aussi par Jules Finot. Les conférenciers détaillent ensuite l’avancement des connaissances sur Port-sur-Saône, où les études archéologiques mettent en évidence trois sites : • une villa située « au Magny » à 600 m sud-ouest de Port-sur-Saône, rive droite de la Saône ; • une chapelle avec des sarcophages mérovingiens à Saint-Valère ; • un retranchement fortifié situé au-dessus de l’église paroissiale de Port, déjà mentionné par Galaire sur des cartes, au lieu de « La Vigne aux Pères ». Les études récentes sur le site de ce retranchement de Port-sur-Saône (actuellement un pré entouré de bosquets) sont faites de trois manières : • des relevés LiDAR (light detection and randing). La technique est celle d’une télémétrie par rayon laser, permettant de déterminer la distance entre le capteur et l’obstacle visé ; ici le capteur est embarqué dans un drone, l’obstacle visé est le sol. Les images numériques traitées permettent d’avoir l’aspect du terrain nu, avec son relief, une fois retranché l’effet parasite dû à la végétation ; • un relevé sur le terrain, par balayage et envoi d’ondes dans le sous-sol, permettant d’évaluer les creux et trous invisibles comblés (après interprétation de l’image en niveaux de gris, délivrée par l’appareil) ; • un travail in situ, après nettoyage à la main d’une partie de la végétation, lierres et arbustes, faisant apparaître le talus. Il s’agit d’un mur de 7 m de large, dont la façon correspond bien à une maçonnerie de l’Antiquité tardive, avec la présence de trous, emplacements de poutres de bois. De plus, l’étude au carbone 14 d’un ossement trouvé pris dans le mortier, a permis d’en établir l’âge, entre 325 et 430 ap JC. Il reste donc à poursuivre les investigations archéologiques sur ce site. Se passant successivement la parole, commentant fort précisément, scientifiquement et de façon très vivante les images projetées, les deux archéologues ont littéralement captivé une assistance particulièrement attentive, qui n’a pas laissé les conférenciers quitter la salle sans leur poser de nombreuses questions, parfois spécialisées, témoignant de leur vif intérêt. Référence des organismes où interviennent les deux conférenciers : Université de Franche-Comté, chrono environnement, université de Bourgogne, ArTeHiS (Archéologie, terre, histoire, société), Caphs (collectif pour l’archéologie et le patrimoine de la Haute-Saône). https://artehis.u-bourgogne.fr/ https://caphs.hypotheses.org/ https://chrono-environnement.univ-fcomte.fr/

La Presse de Vesoul a évoqué cette conférence :

Fouille actuelle

 La prochaine conférence organisée par la SALSA aura lieu le samedi 9 novembre à 14h30 dans les locaux de l’association (1 rue des Ursulines à Vesoul). Elle sera animée par MM. Adrien Saggese et Valentin Chevassu et aura pour thème, « Port-sur-Saône entre l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge, le « Portus Abuccinus » retrouvé ? ».

Depuis le XVIIe siècle, chercheurs et érudits se sont succédé afin d’identifier la localité de « Portus Abuccinus » mentionné dans plusieurs documents de la fin de l’Antiquité et du début du Moyen Âge. Reprenant différents types d’arguments souvent d’ordre toponymique ou géographique, ces réflexions se basaient principalement sur une lecture littérale des sources textuelles anciennes qui, bien que critiquables, étaient devenues des vérités historiques. Une reprise critique de ces sources mêlée aux dernières avancées des recherches historiques et archéologiques vient apporter un regard renouvelé sur cette problématique. Le lancement en 2017 d’un programme de recherche intitulé « Le Portois du IVe au XIIe siècle, évolution des pouvoirs et dynamiques du peuplement » a permis de reprendre les investigations autour du bourg de Port-sur-Saône. À travers plusieurs approches et notamment des opérations de fouilles archéologiques, des éléments inédits ont été mis au jour, permettant d’appréhender ce site sous un regard nouveau.

Adrien SAGGESE – SCAP/Ville de Besançon, chercheur associé à l’UMR 6298 ArTeHis Valentin CHEVASSU – UMR 6249 Chrono-environnement

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