Samedi 7 juillet 2018, Roland Belin a raconté la vie de Monseigneur Theuret, 1er évêque de Monaco

          

Roland Belin durant sa conférence.

 

Compte rendu de la conférence donnée par Roland Belin à a SALSA, le samedi 7 juillet 2018 :

C’est lors d’une visite familiale et touristique à Monaco que Roland Belin découvre, à l’intérieur de la cathédrale, le buste de Monseigneur Theuret, premier évêque de Monaco, indiqué comme né à Vars en Haute-Saône. Il se promet alors de rechercher qui est ce natif d’un petit village entre Champlitte et Gray et comment il a accédé à cette haute fonction épiscopale.

Dès sa retraite, Roland Belin s’est donc lancé à la recherche de Charles François Bonnaventure Theuret et, pendant plusieurs années, se trouvera plusieurs fois entraîné du Rocher de Monaco à Reims, de Vars à Paris, des Archives départementales de Haute-Saône aux Archives diocésaines et autres, de Bruxelles à la Bibliothèque nationale de France.

Après avoir donné la généalogie directe des Grimaldi, le conférencier a emmené cet après-midi son auditoire vésulien sur les traces retrouvées de cet étonnant et complexe Monseigneur qui mêla au cours de sa vie (1822 – 1901) convictions religieuses, pouvoir politique, grande fortune, préceptorat auprès du petit prince Albert (futur Albert 1er), côtoyant la Société des Bains de Mer, professeur de Guillaume Apollinaire et suivant de près la construction de la cathédrale de Monaco.

Très documentée, richement émaillée d’anecdotes, la conférence donnée samedi dernier par Roland Belin a été suivie par une bonne trentaine d’auditeurs qui ont unanimement apprécié, outre les qualités pédagogiques évidentes du conteur, la découverte de cet évêque, enfant inconnu de Haute-Saône, auquel aurait pu peut-être s’appliquer le premier titre imaginé par l’auteur pour le livre (préfacé par Son Altesse Sérénissime Albert II) qu’il a fait éditer aux éditions Cêtre, « Ascension vers l’Enfer ».

 

Le premier évêque de Monaco était un prêtre haut-saônois

Charles Theuret naît en 1822 dans une modeste famille de cordonnier-paysan de Vars, près de Champlitte, en Haute-Saône. De la vie rurale sans confort, il entre, en 1834, au petit séminaire de Luxeuil pour devenir ensuite, à partir de 1846, prêtre-professeur au collège Saint-François-Xavier de Besançon. Il rencontre Mgr Gousset, lui aussi fils de paysan d’un village voisin, Montigny-lès-Cherlieu, élève de l’école presbytérale d’Amance et devenu plus tard archevêque de Reims.

Après le décès de sa mère en 1854, Charles Theuret part à Paris, où son cousin, le père Charles Miel, est prédicateur dans l’entourage des Montalembert, Lamennais, Lacordaire. En 1857, après une rencontre fortuite dans un salon parisien, il postule pour devenir précepteur de l’intrépide Albert Grimaldi, Prince héréditaire de Monaco, 9 ans, qui a usé ses précédents éducateurs par ses facéties et son peu d’intérêt pour les études, au grand désespoir de son père, le Prince Charles III de Monaco. Charles Theuret impose autorité et règles éducatives à l’enfant. En récompense, il devient le Grand aumônier de son employeur, le Prince Charles III.

Le père Theuret voyage avec son élève partout pour lui faire découvrir les richesses de l’Europe. L’adolescent réside plusieurs fois à Vars, Amblans, Luxeuil. Le jeune Prince y trouve une vie si agréable qu’il écrit à son père qu’il «se plaît infiniment à Vars».

En 1858, Monaco n’est qu’un village de moins de mille habitants regroupés sur le Rocher, autour du Palais. La population est pauvre et ne subsiste réellement que grâce à la générosité du Prince : aucune agriculture possible, peu d’activité artisanale, aucune voie de communication avec la France, sauf par la mer ! La partie basse de Monaco n’est alors qu’une falaise rocailleuse où ne végètent que la broussaille. Mais le Prince Charles III est ambitieux, il veut assurer les trois indépendances politique, économique et religieuse de sa Principauté, qui couvre… 2 km2 ! Grâce à un accord avec la France, il en obtient une rente substantielle, une route carrossable et une ligne de chemin de fer : Monaco est désenclavé.

L’homme d’affaire François Blanc crée une Société des bains de mer, avec casino et opéra…  Une foule d’investisseurs attirés par les jeux assure les bases de l’assise financière de la Principauté. Grâce à sa loi annulant tout impôt, Charles III achève de rendre son état attractif aux capitaux qui vont permettre de construire Monte-Carlo.

Il restait à assurer l’indépendance religieuse. Charles Theuret est un rouage essentiel pour l’élévation de la petite église Saint-Nicolas d’un village au rang de diocèse. Plusieurs fois reçu par les papes Pie IX puis Léon XIII, Charles Theuret va multiplier les intersessions comme un diplomate de haut rang. À deux reprises, ces papes successifs ont été menacés au Vatican par les troupes italiennes. L’abbé Theuret est chargé de préparer les conditions d’une fuite rapide de Pie IX en 1870, puis de Léon XIII autour de 1880 vers Monaco.

En 1873, le Prince Charles III lance la construction de la cathédrale ; l’abbé Theuret veille à l’opération. Des pierres viennent de Servance pour les colonnes. Le Prince décide aussi de doter le nouveau quartier de Monte-Carlo de l’église Saint-Charles. Là encore, notre compatriote imprimera sa marque dans la construction. Il se fait représenter sur le vitrail du chœur «offrant l’église Saint-Charles à Dieu». L’église de Monaco est érigée en diocèse en 1887 et Charles Theuret est consacré évêque in partibus d’Hermopolis en 1877, puis premier évêque de Monaco en 1888. Le Prince Charles III décède en 1889 en ayant réalisé son rêve.

Le nouvel élève de Charles Theuret, Albert Ier, devient le Prince régnant, mais l’évêque entre en disgrâce à la cour. Mgr Theuret revient souvent en Haute-Saône, notamment à Luxeuil, à l’association des anciens élèves du séminaire, à Vars vers sa famille, à Besançon à l’archevêché. Il est responsable d’un minuscule diocèse, sans surcharge de travail. En juin 1894, il effectue une tournée dans plus de vingt villages de Haute-Saône et du Doubs pour la confirmation.

À Vars, il tombe gravement malade. La petite rémission qui le libère un peu de ses souffrances, lui permet de rejoindre Monaco, où il s’éteint le 11 novembre 1901. Après des obsèques grandioses, il est inhumé dans la crypte de la cathédrale.

Roland BELIN présentera et dédicacera son livre De la campagne haut-saônoise au Rocher de Monaco, Mgr Theuret, premier évêque de Monaco (édition Cêtre, Besançon), le samedi 7 juillet 2018 à 14h30 à la SALSA, 1 rue des Ursulines (entrée du musée Georges-Garret, à gauche dans la première cour).

 

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