Samedi 13 mai à 14h30, une conférence-visite a été présentée par la SALSA dans l’ancienne église même du prieuré de Marast par le président de la SALSA, Denis Grisel.
Enrichi par les dons des seigneurs des environs, ceux de Villersexel et d’Oricourt en particulier, le prieuré a vu se développer les dévotions particulières avec la création de chapelles dans l’église et à ses abords. Le réexamen des documents permet de préciser l’histoire du prieuré, de son église et de ses chapelles, qui avaient été l’objet, en 1994, d’une publication et d’une étude architecturale non publiée qui ont donné une première base solide à leur connaissance.
Une quarantaine d’auditeurs est réunie à l’intérieur de l’église de Marast pour écouter M. Grisel, président de la SALSA, évoquer l’historique de la construction de l’édifice, sa période romane, la poursuite gothique, les chapelles et bâtiments annexes.
La date exacte de fondation de cette église est inconnue, mais une bulle du pape Calixte II, de 1123, fixe un terme à sa construction par sa consécration : il y a donc ici, à cette date, une construction (couverte). L’église dépendait de l’abbaye de Chaumousey (dont il ne reste aujourd’hui à peu près rien, à 9 km à l’ouest d’Epinal, à proximité actuellement du réservoir de Bouzey). L’église de Marast était sous le titre de Notre-Dame (comme à Chaumousey), ceci apparaît au XIIIe siècle. À partir de 1226, c’est Sainte-Marie-Madeleine qui devient le titre de l’église de Marast.
Le style roman est souligné par les arcs en plein cintre au-dessus du chœur, par ceux de la nef aux huit travées, avec alternance de colonnes de sections rondes et carrées. Beaux chapiteaux « cubiques » de style germanique. L’origine du grès rose utilisé reste inconnue. La partie supérieure de l’église a été reconstruite à la fin de l’époque gothique. La belle charpente gothique coiffe la nef ; les pignons ont été reconstruits.
Sur un plan (le seul connu) levé au XVIIIe siècle, on voit, outre l’église qui subsiste actuellement, une chapelle dite « d’Oricourt » côté Nord extérieur, détruite, et la chapelle « de Villersexel, ou Sainte Catherine », détruite elle aussi. À l’intérieur de la nef, il y avait deux chapelles absidiales (Sainte- Marie-Madeleine et Saint-Étienne) et deux chapelles au bout des stalles dédiées à Saint-Michel et Saint-Antoine.
Dès le XVIe siècle, les lieux dépérissent ; il n’y a plus de prieur après la guerre de Dix Ans. L’abbaye de Chaumousey enverra deux chanoines, mais les revenus du prieuré sont envoyés à Dole dont dépend désormais Marast. Les bâtiments sont vendus en 1792. Les Marianistes y ont fondé une école et un pensionnat en 1835, procédant alors à de nombreuses transformations, dont l’aménagement de la nef en salles et en dortoirs, avec la construction d’un plancher qui aménageait un étage. Des installations agricoles ont ensuite occupé les bâtiments annexes. Les deux bas-côtés ont été entièrement refaits dans les années 2000 – 2007.
Du cloître, désigné sur le plan, il ne reste rien. Une partie des bâtiments du prieuré subsiste, elle est propriété privée.
La visite se poursuit à l’extérieur, sous un temps mitigé de plus en plus menaçant qui ne saurait décourager orateur et auditeurs. Le conférencier appelle tout d’abord l’attention des participants sur le clocher, où l’on distingue la partie initiale romane en bas, une surélévation gothique avec ses fenêtres géminées et la surélévation effectuée au XVIIIe siècle, couronnée alors évidemment par une toiture « à l’impériale ». En contournant le bâtiment côté Est, on arrive à une zone récemment défrichée par les propriétaires des lieux ; en plus de la cour intérieure à l’emplacement du cloître, les participants accèdent à la façade arrière du XVIe siècle qui contient les restes du bâtiment roman (un chapiteau « cubique » et deux arcs segmentaires), et qui méritera réfection raisonnée et consolidation. Ainsi s’achève cette visite commentée in situ particulièrement appréciée. – Pierre Mourand.
Vue actuelle