Jacques Mourant au cours de son exposé.
Vue d’une partie de l’assemblée attentive.
Parcellaires d’Echenoz-la-Méline en 1800 – Parcellaire actuel dans la campagne haut-saônoise
LES PAYSAGES CHAMPÊTRES HAUT-SAÔNOIS DU XIXe SIÈCLE
Au xxe siècle, les champs présentaient trois caractéristiques : ils étaient constitués de longues parcelles étroites, en lanières ou « lames de parquet » ; on y pratiquait la rotation triennale des cultures, une année du blé, l’année suivante de l’avoine, la troisième année, pommes de terre, ou betteraves, ou trèfle ; les champs d’un village étaient rassemblés en trois “pies”, chacune d’elles dédiée à une année et une seule à la rotation triennale.
Des parcelles parallèles de même longueur, souvent comprise entre 200 et 300 mètres, dites en « lames de parquet », formaient un “canton” de 2 à 20 hectares, comme le montrent les cadastres napoléoniens de toutes les communes haut-saônoises. Ce “canton”, appartenant à l’origine à un seul propriétaire, avait été partagé (dans le sens de la largeur) à chaque génération entre les héritiers, pour certains depuis le xive siècle. Les parcelles « en lames de parquet » disparurent totalement à la fin du xxe siècle, lorsque le « labour à plat » remplaça le « labour en planches ».
Les cultures du blé et de l’avoine sont notées dès 1128 à Champoux (25) ; la rotation triennale à Cornot et Marast en 1257. Les cultures de la troisième année n’apparurent qu’au xixe siècle ; auparavant, la terre était laissée en repos (jachère). La « vaine pâture » se pratiquait sur la jachère au printemps et sur les terres ensemencées de l’enlèvement des moissons jusqu’aux nouvelles semailles. Elle fut supprimée en 1889. La rotation triennale disparut à la fin du xxe siècle, après l’introduction massive des engrais et des produits phytosanitaires.
Jusqu’au début du xve siècle, l’unité de culture fut le “canton”. Au xvie siècle, le morcellement des parcelles, qui rendait la « vaine pâture » de plus en plus difficile, conduisit les communautés à organiser leur territoire en “pies”, comme à Pesmes, où elles sont notées en 1561. La transformation de terres céréalières en bois ou en herbages vers 1900 déséquilibra les “pies” et les fit disparaître.