Le samedi 8 mars 2025, conférence à la SALSA : Une « onde de charité » – la diffusion des ordres hospitaliers et l’implication des laïcs du XIIe au XVe siècle dans le nord du Comté (actuellement Haute-Saône), présentée Nicole Brocard, maître de conférence retraitée de l’université de Franche-Comté.
Pierre Crapillet († 1460), recteur du Saint-Esprit de Gray (av. 1436) puis de l’hôpital du Saint-Esprit de Dijon (1440-1460). Chapelle Sainte-Croix de Jérusalem, Dijon, cliché Édith Périn.
Comme partout en Occident, l’espace de l’actuel département de Haute-Saône fut marqué dès les XIIe et XIIIe siècles par une véritable « onde de charité», à l’origine d’une « floraison d’hôpitaux », destinés à l’accueil de toute personne touchée par la souffrance, l’indigence, la maladie, la vieillesse, l’errance… À partir du XIIIe siècle, l’initiative de ces créations revint en grande partie à des laïcs, princes, seigneurs et bourgeois, sensibilisés au discours franciscain stimulant l’aumône et réhabilitant la pauvreté comme une voie possible de Salut. De grands ordres hospitaliers s’implantèrent, dont ceux de Saint-Jean-de-Jérusalem, de Saint-Antoine du Viennois à Aumônières puis du Saint-Esprit fondé par Guy de Montpellier vers 1180. Si les actes renseignent sur la charité et l’intention des donateurs, ils donnent peu d’indications sur l’hospitalité réellement offerte. Dès la deuxième moitié du XIVe siècle, les institutions, meublées seulement de quelques lits et majoritairement de petite taille, manquent souvent d’entretien et/ou souffrent d’une mauvaise gestion. Leur ruine totale ou partielle les rend incapables de faire face à l’affluence des miséreux jetés sur les routes par les récurrences de peste ou les guerres. Les nouvelles créations du XVe siècle comme celle de l’hôpital de Vesoul en 1443 semblent s’orienter désormais vers une sélection des pauvres à secourir, et à un rejet des gueux.
Nicole Brocard, maître de conférences retraitée de l’université de Franche-Comté