Stéphane Brouillard durant son exposé.
Une partie du public, une trentaine de personnes qui ont assisté à cette évocation.
La formation des citoyens à l’esprit de défense et à la “revanche” contre l’Allemagne, pour la récupération de l’Alsace et de la Moselle, commence très tôt. La loi sur l’enseignement de 1881 met en place une instruction militaire à l’école primaire publique pour les garçons, à partir de 7 ans (cours élémentaire). Les programmes officiels du 27 juillet 1882 précisent les contenus des enseignements dispensés par les instituteurs (ou autres). Il s’agit de cours de sport : gymnastique, natation à sec, musculation (maniement d’haltères), échelle de corde, mais aussi d’instructions purement militaires : école du soldat (c’est-à-dire du maniement d’armes et de l’ordre serré), escrime à la baïonnette.
Les cours sont dispensés par un sous-officier de la garnison ou par un ancien militaire, voire par un professeur de l‘établissement ou l’instituteur lui-même. Le ministre de la Guerre lance un appel aux officiers et sous-officiers de la Réserve ou de la Territoriale (20 mai 1882). Par exemple, Louis Seigner-Blanc, ancien sergent au 102e RI, instituteur à Mandeure, donne des cours d’instruction militaire dans plusieurs écoles de l’arrondissement de Montbéliard (lettre du sous-préfet du 11 juillet 1883). Après quelques problèmes, pédagogiques principalement, un certificat d’aptitude à l’enseignement des exercices militaires est créé en 1884. Une commission d’attribution se réunit à Montbéliard le 12 juillet 1885.
Dans l’enseignement secondaire public, ces activités militaires existent depuis 1871. Les programmes évoluent ainsi que le matériel. Les premiers fusils fournis sont des fusils Snider, qui sont remplacés par des Lebel modèle 1874, les mêmes que ceux en usage dans les casernes. Ces armes sont fournies par les dépôts d’artillerie. Elles sont réintégrées dans les arsenaux militaires (circulaire du 24 juin 1884) et remplacées par des fusils scolaires (qui existaient en fait déjà pour l’enseignement primaire), sauf pour les lycées avec préparation militaire : « Ces armes avec lesquelles on ne peut faire des exercices à feu sont sous les autres rapports, absolument semblables à celles en usage dans l’armée ». Le général commandant le 7e Corps d’armée précise que « les seules cartouches qui peuvent être délivrées aux élèves des établissements d’instruction primaire ou secondaire sont les cartouches de tir réduit prévus par l’arrêté du 6 juillet 1882 portant règlement des exercices de tir de ces établissements ». Pour la région de Montbéliard, les munitions sont fournies par le 21e BCP (arrêtés des 6 juillet 1882 et 23 mars 1884). Des fusils en bois étaient utilisés par les petites classes et certains exercices.
Des bataillons scolaires, pour l’enseignement primaire et primaire supérieur, sont aussi créés, regroupant plusieurs écoles, qui participent aux cérémonies, avec matériels et signes distinctifs (uniformes). Par exemple, les bataillons scolaires des cantons de Pont-de-Roide et d’Ornans, reçoivent, chacun, le 14 juillet 1885, un drapeau, à l’occasion des cérémonies patriotiques.
Cet enseignement militaire disparaît au milieu des années 1890 ; il était devenu une contrainte : entretien et surveillance de l’armement, bon vouloir du régiment et de la garnison, etc. Seuls subsistent les cours de gymnastique. De plus, nombre de personnes et particulièrement les militaires, estiment que cet enseignement ne donne pas satisfaction.
En revanche, une formation au tir demeure dans les écoles normales. Par exemple, celle de Belfort reçoit, par arrêté du 12 mars 1906, 2 fusils Lebel et 2 carabines « La Française », conformément à la circulaire ministérielle du 16 juin 1898.